COUP DE PROJECTEUR
Cigale Mag n°45
Octobre 2012
Ce n’est pas la première fois que nous vous parlons de Chartres en lumières, ce spectacle grandiose qui voit chaque année une ville deux fois millénaires se parer à la tombée de la nuit de couleurs plus vives que le jour. Cigale ne pouvait décemment pas rater le dixième anniversaire de l’opération. En voiture, donc ! Trois quarts d’heure plus tard, nous voici sur place – ça roulait bien…
Pour commencer, un petit rappel : c’est à Laurent Lhuillery, adjoint de la mairie chargé de l’animation de la ville, qu’on doit Chartres en lumières, cette opération qui voit, grâce à un impressionnant dispositif de projection, les murs de la ville devenir le terrain de jeu d’un gigantesque sons et lumières…
Le long de la façade du vieux Grenier à sel, la vie des Chartrains d’autrefois se raconte en scénographies illuminées. Petit à petit, dans un lent ruissellement de couleurs, la cathédrale retrouve ses teintes d’antan ; sa magnifique austérité cède la place à une douceur qu’on croyait oubliée, mais qu’à bien y regarder on aurait pu déceler, juste là, cachée derrière chaque plein et chaque délié de ses portails sculptés…
Chartres en lumières, on l’aura compris, ce n’est pas une simple projection qui viendrait s’étaler sur des murs comme sur une toile blanche : c’est un jeu de résonances entre les lumières modernes et les pierres anciennes – entre l’oeuvre des scénographes d’aujourd’hui et les merveilles des artisans d’hier.
Chartres en lumières, c’est en fait une histoire de temps qui passe et qu’on retient, à la nuit tombée – comme dans un rêve ?
Mais le temps passe aussi pour Chartres en
lumières, puisque voilà maintenant neuf ans
que l’opération existe et elle a bien évolué
depuis ses débuts… C’est que chaque année,
de nouvelles scénographies viennent
s’ajouter à celles qui existaient déjà : ce
sont maintenant vingt-cinq sites qui forment
ce parcours illuminé.
Précisons qu’à chaque édition, en guise de
gran finale, le public découvre en
exclusivité les nouvelles scénographies qui,
dès l’année suivante, rejoindront le corpus
des animations de Chartres en lumières :
cette soirée toute particulière, c’est la
Fête de la lumière, dont c’était la dixième
édition cette année. C’est là que nous nous
sommes rendus le 15 septembre dernier, et
qu’importe qu’il y ait un certain paradoxe à
venir voir un événement centré sur la
lumière souffler sa dixième bougie !
À cette Fête de la Lumière, qu’a-t-on vu ?
Eh bien tout d’abord des animations
interactives, des spectacles, des
déambulations musicales, mais surtout la
toute nouvelle scénographie du Portail royal
de la cathédrale, dite « Nef de lumière »,
que l’on doit à Benoît Quéro, de la société
Spectaculaires…
Nous ne résistons pas à la tentation de vous
parler de cette nouvelle venue de Chartres
en lumières, convaincus qu’aucune
description, aussi fidèle soit-elle, ne
saurait remplacer un détour sur place – et
que bien au contraire, cet article ne peut
que vous donner envie d’aller admirer ce
spectacle par vous-même l’année
prochaine…
Imaginez : il fait nuit, vous vous trouvez
face au Portail royal, qui est en lui-même
un spectacle. Soudain, la rosace se met à
irradier comme un astre lumineux. Du sol
jaillissent les rois et les reines de
l’Ancien Testament. Du plus haut de
l’édifice descendent de petits personnages
allégoriques. Ils coulent le long de câbles
de lumière pour surligner la richesse
architecturale du Portail royal.
Progressivement, cette ossature lumineuse se
met en mouvement, s’anime, se métamorphose.
La voilà devenue cathédrale de verre. Puis
les bâtisseurs entrent en scène : des
écritures mathématiques et des lettres
moyenâgeuses recouvrent la façade ; la
pierre brute se peint. Entre les tours, un
entrelacement d’arches gothiques s’élève –
c’est l’intérieur de la cathédrale qui se
dévoile lentement. Nous entrons dans l’ère
technologique, la cathédrale se métallise et
se change en gigantesque mécanique. Dans un
souffle profond, les grandes orgues se
mettent à vibrer et les tours partent à la
conquête des cieux…
Cette description vous fait rêver ?
Rendez-vous l’année prochaine…