REMÈDE ANTI-CRISE
CigaleMag n° 43
Avril 2012
La crise va fêter sa cinquième bougie cet été ; comme le temps passe… C’était en 2007 et pour la première fois, on entendait parler de « crise des subprimes », ce qui avait encore un petit côté rassurant. D’abord parce que, « subprimes », le mot sonnait suffisamment peu français pour qu’on ne se sente pas directement menacés – ensuite parce qu’il permettait d’identifier clairement le mal. Aujourd’hui, la crise, c’est la crise, point. Et c’est autrement plus inquiétant. Le premier réflexe des Français a été le bon : ils se sont mis à épargner à plein régime. Selon l’INSEE, le taux d’épargne des ménages est monté à 16,8 % en 2011, du jamais vu depuis 1983. Reste à savoir comment épargner, car si le taux est le même, la façon d’épargner, elle, a bien changé en trente ans…
LA CHASSE AUX SORCIÈRES
Est-ce dû au formidable développement des
moyens de communication ? À peine la crise de
2007 commençait-elle qu’un référendum tacite
lui désignait un coupable : la crise était le
fait « des banquiers ». Ce qui n’avait jamais
été plus qu’un métier parmi d’autres devenait
soudain, dans l’imaginaire collectif, synonyme
de coup tordu et de malfaisance. Le banquier
prenait tout à coup le visage de Bernard
Madoff et de Jérôme Kerviel – une espèce de
Professeur Mabuse de la finance, aussi
déconnecté de la réalité que de l’intérêt de
ses clients. Que le trait soit grossier et la
caricature peu crédible n’y changea rien : la
chasse aux sorcières était ouverte.