Sous les paillettes… Crossroads®

ÉVÉNEMENTIEL

Cigale Mag N°33
Mai-juin 2010

Les défilés de mode au décorum gigantesque, ces paillettes d’un Paris glamour aux répercussions internationales, doivent beaucoup à l’entreprise Crossroads® et ses centaines de techniciens de plateau, vidéo et lumière, caristes, projectionnistes, etc., qui depuis 1992 assurent un quasi-monopole dans le monde du spectacle et de l’événementiel.

C’était en mars dernier, sous la voûte du Grand Palais en proie à un vacarme et une effervescence d’après fête. Ce jour-là un certain Karl L. (très sourcilleux sur l’utilisation de son nom et de la griffe qui fit sa fortune) déambule, catogan poudré, avec sa cour au milieu des décombres.

KARL ET LE LÉGIONNAIRE…
Le défilé de la saison a été d’autant plus médiatisé qu’il a suscité l’intérêt au-delà des seules frontières de la mode. Joli coup de communication qui repose sur l’iceberg reconstitué sous ce Grand Palais où défilaient les princesses du jour. Certes, ce sont des Suédois qui ont apporté la glace, et Karl qui paye l’apéro, mais ce sont les dizaines d’hommes et de femmes portant le tee-shirt noir « Crossroads » qui s’affairent à démonter les structures, poutrelles, décors et projecteurs ; sous l’oeil confiant de Minh Tran Long, directeur associé et co-fondateur de cette société née en 1992. « Aujourd’hui, confie cet ancien légionnaire qui a commencé dans le métier comme ses employés – chaussures de sécurité et nuits blanches – les défilés, les grands événements de la mode passent par le décorum davantage que par les têtes d’affiche. Les grands créateurs veulent du show, de la scène et des décors qui marquent. C’est la raison d’être de Crossroads qui met tout en oeuvre, dans tous les domaines, pour assurer le résultat. » Le secret du quasi-monopole de la boîte, c’est le sérieux et la rigueur tant il est vrai que l’ancien militaire n’a pas oublié l’enseignement sévère de ses jeunes années et l’approximation d’une industrie où chacun cultive un style bohème saugrenu. Ses troupes ? Presque 7 000 Intermittents du Spectacle, répertoriés en France dans ses fichiers comme étant les meilleurs. « Contrairement aux boîtes éphémères qui se font de l’argent sur leur dos, nous, nous leur garantissons contrats, sécurité et formation. Quand j’ai commencé au bas de l’échelle en tant que « Roadie », c’était un peu n’importe quoi. Les gars bossaient en santiags, buvaient et plus encore. Ce n’est pas le genre de Crossroads où nos chefs d’équipe sont nos meilleurs relais, ceux qui font remonter l’information. »


SARDOU ET KADHAFI !
Avec 2,7 millions de chiffre d’affaires annuel, l’entité repose sur une réputation nationale et internationale en faisant fi des caractériels et des bizarreries qui peuplent ce monde à part. « Il y en a, concède Minh, mais les divas du spectacle ne font pas de grandes carrières. A contrario, je me souviens que Michel Sardou déjeunait systématiquement avec nous, les techniciens. Sans démagogie, en toute simplicité. C’est un grand monsieur… » Des déconvenues ? « J’évoquerais plutôt des expériences «baroques». Une année, on nous contacte pour monter une opération au Niger. Il fallait des dizaines de techniciens et les passeports en règle en une semaine. Donc, nous édifions un énorme barnum avec son, lumières et tout ce qu’une Rock star peut exiger. Le problème, c’est que la personnalité attendue s’est révélée être le Colonel Kadhafi avec qui la France était en guerre. L’année suivante, même scénario, mais au Tchad. Nous avons même été démarchés pour un Concert de la Paix en Irak où nous avions imaginé une drôle de logistique. Quand nous avons constaté que les attentats prenaient de l’ampleur, nous avons dû nous résoudre, l’âme en peine, à plier armes et bagages. »
Plus sereinement, Crossroads est également sollicité par les plateaux de télévision pour des émissions phares (« Question de Génération », « Vivement Dimanche », « One Shot Note », etc.) et des manifestations mondaines de Cannes à Monte- Carlo. « Nous n’avons rien inventé mais nous avons structuré cette activité. Le métier d’entrepreneurs du Spectacle qui est le nôtre était informel, voire improvisé. Nous avons tout simplement posé des règles et rationalisé ce travail. » Pari gagné. Karl L., emprunt d’une raideur toute germanique, sillonne encore les travées du Grand Palais comme un général de corps d’armée en inspection. Puis, sans un mot, le kaiser des podiums se retire, rêvant déjà à d’autres conquêtes…

Crossroads
8/10, rue des Blés
93210 La Plaine Saint Denis
01 41 62 70 70
[email protected]
www.crossroads.fr