CARROUSEL DU LOUVRE
Cigale Mag N° 35
Octobre 2010
Métiers d’art, patrimoine, culture : des mots qui, une fois par an, tintent agréablement à nos oreilles, lorsque la fine fleur de l’artisanat français se réunit au Carrousel du Louvre, transformé pour l’occasion en véritable caverne d’Ali Baba des savoir-faire. On a cherché les quarante voleurs. En vain : ce n’est pas le genre de la maison.
UN SALON DE L’EXCELLENCE
Pour la deuxième année consécutive, ce sont
les Ateliers d’Art de France qui ont
organisé le Salon du Patrimoine – et il
semble que ce ne soit que justice car qui,
mieux que ce syndicat regroupant 2 800
artisans, manufactures d’art et artistes
français, pouvait s’acquitter d’une telle
tâche ?
Pendant quatre jours donc, ce sont 250
exposants qui ont ravi quelque 20 000
visiteurs de leur savoir-faire. Un
savoir-faire que l’on se risquera, faute de
mieux, à calculer au mètre carré… 3 000,
pour être précis : c’est la surface du
salon.
Il n’est pas exagéré de dire que le Salon du
Patrimoine Culturel représente l’artisanat
français dans toute sa diversité. Des
métiers du bois à ceux du cuir, de la
facture d’instruments de musique au travail
du verre, de l’horlogerie à la sculpture…
Dresser une liste exhaustive de tous les
métiers présents sur le Salon relève de
l’impossible. Il nous faut donc résumer : le
Salon du Patrimoine Culturel n’est rien
moins que le nec plus ultra de l’artisanat
français, enfin exposé dans un cadre à sa
mesure. Car les salons souterrains du
Carrousel du Louvre méritent qu’on leur
consacre une ligne ou deux : haut lieu de
l’élégance et du savoir-vivre à la
française, aménagé autour des ruines –
toujours visibles – de l’enceinte défensive
du Paris du XIVe siècle, le Carrousel
constitue un des lieux d’exposition les plus
majestueux de la capitale. Un contenant à la
hauteur du contenu…
Thème du salon cette année : le patrimoine méditerranéen. Carrefour des civilisations où s’échangent, entre deux bateaux, les idées, les objets et les arts, la « Mare nostrum », n’en déplaise aux Romains, est à tout le monde – et c’est précisément de là qu’elle tire sa formidable richesse culturelle.
La Méditerranée, façonnée au fil des luttes de pouvoir et des évolutions techniques et artistiques, enjeu stratégique tant sur le plan militaire que sur le plan économique – la Méditerranée a été et demeure un formidable réservoir de savoir-faire qui forment comme autant de traits d’union entre le Nord et le Sud. Pour honorer son thème, le Salon, cette année, a accueilli des artisans du pourtour méditerranéen dans une exposition joliment baptisée « Nouveau regard sur les métiers d’art ».
En gardant bien sûr le sens des priorités : à tout seigneur tout honneur, l’artisan passe en premier – car pour le Salon du Patrimoine Culturel, il s’agit avant tout de faciliter la rencontre et les échanges entre le public et les professionnels de l’artisanat.
LES FRANÇAIS ET LE PATRIMOINE
Il semble que chaque année, le goût des
Français pour le patrimoine se précise et
s’affine. De plus en plus, on s’intéresse à
ceux qui, dans l’ombre des ateliers,
oeuvrent à sa perpétuation. Ce qui n’était
peut-être au départ qu’un attrait confus
pour des savoir-faire pittoresques s’est mué
en un véritable engouement pour la tradition
des métiers d’excellence – en témoigne le
succès grandissant des Journées du
Patrimoine, entre autres.
L’enthousiasme avec lequel les Français
redécouvrent leur héritage artisanal et les
métiers qui s’y attachent fait plaisir à
voir. Car si ces métiers furent, un temps,
injustement brocardés, ils reviennent
nettement au goût du jour. Petit à petit,
année après année, on retrouve la noblesse
des techniques qui ont traversé les âges, la
beauté du travail des mains expertes. Aussi
le Salon a-t-il revêtu, au fil de ses
éditions, une forte dimension pédagogique :
il s’attache à faire découvrir les métiers
de l’artisanat aux jeunes générations pour
susciter les vocations. Et préparer la
relève…