CHÂTEAU KEFRAYA
Cigale Mag N°37
Mars 2011
Il y a, non loin des bureaux de Cigale, un restaurant libanais qu’investissent régulièrement les membres de la rédaction. Là, entre deux phrases hautement spirituelles, journalistes, chroniqueurs et autres scribouillards de nos bureaux dégustent quelques exquis mezzes arrosés d’un nombre raisonnable de lampées d’un vin non moins exquis : le Château Kefraya. C’est donc assez logiquement que, lors d’un récent voyage au Liban, nous sommes allés faire un tour à la source. N’étant pas convaincu de l’intérêt que vous portez à nos excursions estivales, nous ne vous raconterons pas nos vacances par le menu. Nous ferons cependant une exception en ce qui concerne notre halte à Kefraya…
UN PEU D’HISTOIRE
Kefraya est une petite localité d’un millier
d’âmes située dans la plaine de la Bekaa, à
une soixantaine de kilomètres de Beyrouth.
Selon les historiens, c’est de cette terre
particulièrement fertile que furent tirés les
premiers vins, aux alentours de 5000 avant
Jésus-Christ. Quelques millénaires plus tard,
en -3000, les Phéniciens, ancêtres des
Libanais et experts dans l’art de la
fermentation du raisin, y cultivent la vigne
avec un savoir-faire internationalement
reconnu, exportant leurs vins dans le monde
entier – ou ce que l’on en connaît à l’époque.
La luxuriante plaine de la Bekaa rime alors
avec abondance et douceur de vivre. Dans la
Bible, elle fait partie du pays de Canaan,
synonyme de récompense divine. On reconnaîtra
qu’en termes de références, on peut
difficilement faire mieux… Puis les Romains
investissent la région ; nous sommes au IIe
siècle. À Baalbek – qu’on appelle alors
Héliopolis, la ville du soleil – ils élèvent
trois sanctuaires : un à Jupiter, le père des
dieux, un à Vénus, déesse de la beauté et un
troisième (le mieux conservé aujourd’hui) à
Bacchus, dieu du vin et de l’ivresse. Dans ce
temple, sous l’oeil rieur des jeunes filles
chargées de grappes qui ornent les frises, on
pratique un rite initiatique centré sur le
disque solaire et l’inspiration du dieu
Bacchus. Aucun doute : ne serait-ce qu’au
niveau historique, la région est une terre de
vin.