LA CHRONIQUE DE MAÏLIS JEUNESSE
CigaleMag n° 43
Avril 2012
Après 2 days in Paris, Julie Delpy amène ses Frenchies loufoques à New York : Marion (Julie Delpy) est désormais installée à New York avec Mingus (Chris Rock), un journaliste de radio, leurs deux enfants qu’ils ont eus de relations antérieures et un chat. Retour sur le parcours international de cette actrice-réalisatrice hors norme.
Après La Comtesse et Le Skylab, qu’est-ce
qui vous a donné envie de faire une suite
à 2 days in Paris ?
Avant de commencer le Skylab, j’avais envie
de reprendre cette histoire. J’avais une
idée qui m’enthousiasmait et sur laquelle je
voulais travailler avec Alexia Landeau, qui
joue Rose dans le film, la sœur de Marion.
Et ma mère est morte. Au départ, j’avais
écrit un personnage pour elle. Puis je suis
tombée enceinte. Après avoir accouché, on a
commencé à écrire selon nos emplois du temps
respectifs, et en faisant en fonction des
nounous… C’est à ce rythme-là qu’on a fini
le scénario. Puis, il a fallu financer ce
film franco-belge-allemand ! J’avais envie
de parler d’une histoire de femme moderne,
avec d’un côté ses désirs féministes, car
l’héroïne pense que l’homme et la femme sont
égaux, et de l’autre, sa vie de famille
recomposée. Et puis, Alexia et moi, nous
avons des enfants, comme dans l’histoire,
donc la réalité venait alimenter la fiction.
Vous avez pensé à Chris Rock au moment de
l’écriture ?
D’abord, je souhaitais éviter la comparaison
entre 2 days et Before Sunset, et c’est pour
cette raison que j’ai souhaité changer
d’acteur pour le partenaire de Marion.
J’aime bien le travail de Chris. On s’est
rencontré en 2005 quand il avait animé la
cérémonie des Oscars et j’étais nominée pour
le meilleur scénario. C’était très drôle ce
soir-là, il avait fait quelques boutades sur
Bush, ce qui avait un peu froissé
l’Académie. Mais lui, c’est un humoriste
stand-up, donc s’il ne peut pas rire de
politique, de quoi peut-il parler ? (rires)
Quand j’écris, j’aime avoir un acteur en
tête. Et je préfère le savoir à l’avance.
Alors j’ai contacté son agent et il a
accepté.
Dans 2 Days in Paris, le couple de Marion
venait répondre à des questions sur eux à
Paris, alors qu’à New York, l’arrivée de
la belle-famille vient bousculer le
quotidien de son nouveau couple…
Oui. Ils sont plus installés que ne l’était
le couple de Marion et Jack (dans 2 days in
Paris), même s’ils sont dans une logistique
de famille recomposée, avec des obligations
des deux côtés. J’ai beaucoup d’amis qui
sont dans cette configuration, donc ça me
parle. Ce couple se connaît bien, mais
Mingus apprend le passé de Marion, d’où elle
vient… Avec l’arrivée de la belle-famille,
il découvre toute une partie d’elle qu’il ne
connaissait pas… C’est une invasion des
Parisiens dans leur intimité ? Oui, même une
invasion gauloise ! Mais ils ne sont pas
forcément le reflet des Français : c’est
surtout une famille. On peut croire qu’elle
vient pour aider, mais en fait, une fois
qu’elle est là, c’est pire ! Ils débarquent
comme un troupeau d’éléphants dans un
magasin de porcelaine !
C’est une farce. Ces personnages sont créés aussi pour la comédie. Bon, je connais vraiment des gens comme ça. Des boulets un peu poètes comme le personnage de Manu, qui pseudo-travaillent, s’incrustent sans parler la langue, qui ont un avis sur tout et qui multiplient les bourdes !Jeannot, le personnage que joue votre père, est haut en couleurs. Travailler avec votre papa, c’était comment ?
Très bien. Mon père est comme ça dans la vie, mais en pire ! Il est adorable. C’est quelqu’un de tendre, il fait partie de ces gens qui ne sont pas de la bourgeoisie, ce sont plus des anciens soixantehuitards, assez libertaires. Avec un côté très rabelaisien : il aime la bonne chère… Ce qui n’était pas facile pour lui c’était d’être sur un tournage en anglais, et pour tous les gens qui ne parlaient pas les deux langues. Pour Chris Rock, c’était pareil. Heureusement qu’il y avait le « chef op » qui était français !Sur ce film, vous participez à la réalisation, au montage, au jeu… Aujourd’hui vous vous sentez plus actrice ou réalisatrice sur votre plateau ? Qu’est-ce qui vous amuse le plus ?
Je ne m’amuse pas du tout ! (rires) C’est une comédie, ça peut paraître léger, mais c’était un tournage difficile. J’étais la productrice, et je me suis retrouvée au fur et à mesure du tournage à gérer des sujets financiers, la réalisation… mais je ne vais pas vous raconter ça, c’est très ennuyeux ! L’écriture, c’est le pied. Jouer, c’est simple, et le tournage, c’est plus complexe car il y a beaucoup de paramètres de production et de réalisation à gérer.Dans le film, le personnage vend son âme pour 5 000 dollars. Si je vous vends mon âme, vous me l’achetez 10000 dollars ?
C’était 5000 dans le film, alors pour 5000 dollars, oui, pourquoi pas !
L’actu ?
En avril, je présente 2 Days In New York au
Festival de Tribeca et Le Skylab au Festival
du Film français à Los Angeles. Et ensuite,
je vais entamer le tournage d’un biopic sur
Joe Strummer, le guitariste des Clash…
Il paraît que vos parents recyclent des
sacs plastiques depuis 40 ans. Les miens
aussi ! Vous pensez que ça fait de nous
des Parisiennes ?
(rires) Oui ! Le côté « récupérite ».