Ma rencontre avec Antoine Duléry

La chonique d’Annabelle Milot

Cigale Mag N°33
Mai-juin 2010

 

Antoine Duléry triomphe actuellement dans Camping 2. Rencontre avec cet acteur drôle et touchant qui mériterait, en cette période de Festival de Cannes, la Palme de l’acteur le plus sympathique.

Il y a eu beaucoup de promo pour Camping 2. Pourrais- tu me dire quelque chose sur le film que tu n’aurais dit à aucun autre média ?
Ça va être difficile ! Je peux dire qu’on est très content de son succès, puisque tu es la première que je vois depuis la sortie du film. Avant j’espérais que l’on ferait un film qui plaise et aujourd’hui je peux parler de ce film beaucoup plus librement puisqu’il marche très bien. Il est très drôle et je le trouve un peu plus touchant que le premier, un peu plus profond, plus proche de la Comodia italienne. Je suis content de voir que ce qu’on a mis d’émotion plaît aux gens.

Quand et dans quelles circonstances as-tu fait du camping pour la dernière fois ?
J’en ai fait en Bretagne, sur mon île de Bréhat, où j’ai grandi. Je devais avoir 8 ou 9 ans ; de temps en temps, on plantait avec mes cousins une vieille tente de l’armée en face de la chaumière de mes grands parents. Il y avait une belle prairie au bord de la mer. On essayait d’y dormir, mais très vite on rentrait parce qu’on avait peur des araignées… Il s’agit là de ma seule expérience de camping ! Côté notoriété, y a-t-il un avant et un après Camping ? Quand on joue dans un film qui fait 5,3 millions d’entrées, cela vous apporte une notoriété incroyable. Ça fait 4 ans qu’on me parle dans la rue de mon personnage de Gatineau. Indubitablement, il y a un avant et un après Camping au niveau de la popularité. Et moi j’adore l’expression de Philippe Noiret : « Je suis un acteur populaire, j’en aime l’idée… » La popularité m’a toujours plu. Quand on veut être acteur, ce n’est pas pour rester inconnu au fond de son jardin… Et puis tous les acteurs qui m’ont donné envie de faire ce métier : Serrault, Belmondo, Bourvil, Jean Marais… sont des acteurs populaires.

Ta femme, Pascale Pouzadoux, a réalisé récemment « De l’autre coté du lit » avec Sophie Marceau et Danny Boon. Est-ce que la voir au quotidien préparer un film t’a donné envie de passer derrière la caméra toi aussi ?
Oui ! J’ai un projet de film depuis longtemps. C’est un thème assez grave, mais que j’espère traiter avec légèreté. Et j’ai aussi très envie de jouer dedans. Je ferai lire le scénario à ma femme et je lui demanderai certainement de l’aide car c’est une très bonne réalisatrice, alors que moi qui n’ai réalisé qu’un seul court-métrage, je suis vraiment novice dans ce domaine. C’est un projet qui ne verra pas le jour avant l’année prochaine. Comme ce n’est pas une franche comédie, ce sera forcément plus compliqué à monter…

Tu as toujours tourné dans les films de ta femme ?
Oui, mais je ne la force en rien ! Elle a très envie que je sois là parce qu’elle trouve que je suis un bon acteur. Euh… j’espère ! Mais surtout, je mets une bonne ambiance ! Ça la rassure de savoir que je suis là. De nouveau, elle va m’offrir un rôle très drôle dans son prochain film qui s’appellera « La Croisière ». Tournage mi-septembre…

Tu la travaillerais au corps si elle ne voulait pas te faire tourner dans l’un de ses films ? !
Je ne sais pas !.. (rires) Non, je ne lui en voudrais pas du tout si c’était le cas. D’ailleurs je pense qu’un jour elle fera un film sans moi. Ce qui est bien, c’est que comme on grandit ensemble, je ne suis pas à la traîne et elle non plus, bien au contraire ! Je ne passe pas mon temps à me dire « Pourvu qu’elle me fasse tourner parce que j’ai aucun projet » et elle de son côté ne se dit pas « Faut que je fasse tourner mon mec parce qu’il est à la ramasse ». Ça, ce serait vraiment épouvantable !

Gatineau, ton personnage, est devenu très bling-bling dans ce deuxième volet… Par quel aspect pourrais-tu dire que tu l’es aussi ?
Je ne crois pas que je lui ressemble, parce que moi je ne suis pas du tout bling-bling dans la vie. Ce n’est pas pour me défendre que je dis ça, mais l’esbroufe, je n’aime pas beaucoup ça. Mais son coté Monsieur Jourdain qui n’en revient pas de sa réussite me touche. Alors peut-être que je lui ressemble par cet aspect-là… Les acteurs ont quand même un certain ego. Moi, parfois, je suis content de montrer à mes copains que je réussis, mais il n’y a rien de bling-bling dans tout ça !

De qui vient l’idée de te teindre les cheveux en blond pour ton personnage de Gatineau ? Tu n’as pas eu trop de regret à repasser à ta couleur naturelle ?
Fabien Onteniente, le réalisateur, qui m’a dit « Comme tu es bling-bling et que tout est en or : ta caravane, tes couverts…, poussons la caricature : c’est une comédie ! On va aussi te teindre en blond. » Comme c’est un mec qui se la pète un peu, il s’est fait une espèce de balayage, pour être un peu en vogue, pour se prendre pour un surfeur, style Point Break ! Ça m’a beaucoup amusé. J’adore changer de tête. Ça me plonge directement dans le personnage. Ça a été triste de revenir à ma couleur naturelle, mais ça devenait jaune pisseux, marron, donc il était grand temps que je change ! Et je suis revenu au naturel poivre et sel.

Mathilde Seigner dit de toi que tu as la fesse grasse et que tu l’as toujours eu. Qu’as-tu à répondre pour ta défense ?
C’est une sal…. ! Ma fesse est peut-être grasse, mais la sienne n’était pas terrible dans Camping 1 ! J’avais beaucoup grossi pour le rôle, parce que je voulais justement que ça aille avec le côté bling-bling de mon personnage. On aime bien se chambrer avec Mathilde. On est très complices. Mais mes fesses étaient beaucoup moins grasses avant le tournage ! Lorsqu’on présentait le film en avant-première, j’annonçais toujours la chose de la façon suivante : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c’est que vous ne verrez plus les fesses de Mathilde et la bonne, c’est que vous verrez les miennes ! ». Ce à quoi elle ajoutait, parce que c’était notre petit jeu : « Vous allez voir, vous y perdez au change : elles sont très, très grasses ! ». Mais j’ai beaucoup maigri après le film parce que j’étais devenu limite.

Serais-tu partant pour un Camping 3 ?
Sur le principe, oui bien sûr ! Mais cela dépendra des idées qui seront développées dans le scénario. Ce n’est pas évident de faire un 3. Il faut savoir se renouveler, peut-être envisager un autre décor ?… Mais ce qui est sûr, c’est que je ne quitterai pas le « Gatineau » !

 

SIGNES PARTICULIERS

/// Fan de Simenon, particulièrement de La fuite de Monsieur Monde
/// Sa petite-nièce, Jeanne Duléry, s’occupe de sa page fan sur Facebook
/// Reçoit 200 à 300 mails de fan par jour
/// A deux fils : Raphaël et Lucien
/// Écoute en boucle le dernier album de Dany Brillant : « Je danse avec mes enfants sur ces chansons. »
/// Lit Je plante donc je suis, d’Alain Baraton et Missak, de Didier Daeninckx, un livre sur Missak Manouchian
/// Son livre préféré est Le Livre de ma mère, d’Albert Cohen
/// Son restaurant préféré à Paris : « Chez René (14, boulevard Saint-Germain – 5e), j’adore les deux patrons ! C’est comme à la maison sauf qu’on y croise Daniel Auteuil et beaucoup d’hommes politiques ! »
/// Prend son magazine Cigale à la boulangerie Gaumer (31, rue Monge – 5e)
/// Apprend les textes de ses films essentiellement au parc de Versailles : « Parce que j’y suis complètement seul et que je peux parler tout seul sans passer pour un fou furieux ! »