La gravure en mouvement Du XVe au XXIe siècle

LA GRAVURE, ÉMOTION EN NOIR ET BLANC

Cigale Mag N° 45
Octobre 2012


Au XVe siècle, l’art graphique se dote d’une nouvelle forme d’expression grâce à l’imprimerie. Avec Dürer et Leyde, l’estampe acquiert d’emblée ses lettres de noblesse. Un intéressant panorama des artistes ayant exploré et fait évoluer cet art jusqu’à nos jours vous est proposé cet automne à Yerres.

À l’orée du parc de la ravissante propriété du peintre Caillebotte se déroule l’exposition-événement de l’automne… sans doute le meilleur moment pour aller flâner sur les rives de l’Yerres.


FERME ORNÉE, YERRES JUSQU’AU 2 DÉCEMBRE 2012

Plus de 100 œuvres sont présentées pour offrir une vision des évolutions en matière de gravure. Son remarquable essor aux XVe et XVIe siècles est parti des pays rhénans, vers la France et l’Italie. Diverses méthodes sont mises en avant, depuis les entailles au burin sur bois ou cuivre des premiers temps, jusqu’aux combinaisons et explorations les plus récentes.
Orfèvres et imprimeurs transforment la gravure en art à part entière : cette technique, en effet, sublime le talent du dessinateur. L’artiste trouve là une forme d’expression qui lui permet une nouvelle liberté de ton et de dupliquer ses oeuvres pour s’assurer une plus large renommée. Certaines oeuvres remarquables sont des gravures d’interprétation (réalisées d’après des tableaux de grands peintres), à l’instar de celles de Raimondi. Après le succès du maniérisme italien s’impose la vogue du classicisme, qui banalise les vues citadines et les paysages. Avec les portraits, certains graveurs, à l’instar du français Nanteuil, acquièrent une renommée internationale. Au XIXe, des artistes comme Goya utilisent cette technique pour dénoncer les dérives de leur époque. Que ce soit dans les scènes de genre, religieuses ou les portraits, la précision du trait favorise l’interprétation psychologique des figurants. C’est un art où la sensibilité de l’artiste s’exprime avec subtilité.


Série « Déchoucaj’ » : Myriam Mihindou – Date de l’oeuvre: Haïti 2004-2006. © ADAGP, Paris 2012
Au XXe siècle, s’ouvre pour la gravure une ère nouvelle. Elle intéresse les artistes modernes comme Villon ou Picasso,
dont les manières ont une grande postérité. Étude du mouvement, scènes populaires, animalières, ou effets dynamiques : les sujets de prédilections sont très personnels. La technique ravive la sensibilité narrative et l’effet recherché. Avec une justesse du trait saisissante, les Modernes se réapproprient cet art en respectant son esprit singulier.
Les artistes contemporains explorent toujours davantage les différents procédés, pour créer des effets inédits. Certains, comme George Ball, usent de tout un jeu de matières où l’oeil se perd sans jamais se rassasier. Le vocabulaire du trait est infini, le souci du détail saisissant. L’incisive clarté du trait permet à un buriniste comme Granier de décomposer les objets. L’imaginaire des contemporains est si varié qu’il favorise les lectures lentes et fouillées. Entre les maêstrom de mouvements ou les économies du trait : les contrastes jouent toujours le rôle-clé, mais certains artistes introduisent la couleur ou privilégient la manière noire, par exemple. Des effets inédits en gravure sont obtenus par la combinaison de plusieurs techniques dans une même oeuvre. L’estampe demeure un art à vocation intime. Résultat de fines incises sur bois ou métal, elle mémorise les cicatrices du temps.


PROPRIÉTÉ CAILLEBOTTE
8 rue de Concy
91310 Yerres.

Du mercredi au vendredi de 14h30 à 18h30
Samedi, dimanche et jours fériés de 10h à 12h et de 14h30 à 18h30.