Des baroques aux impressionnistes

Cigale Mag N° 39
Juin 2011


L’engouement pour les parcs et jardins ne date pas d’hier.
Le regard posé sur la nature varie avec les tendances du moment : la mode touche le jardin comme le reste.
Jardins de la Renaissance, jardins romantiques, impressionnistes, ou parcs à l’Anglaise : chaque création reflète la philosophie dominante d’une époque.

Perspectives graphiques à Sceaux. Le dessin français de paysages aux XVIIe et XVIIIe siècles

© DR
Le regard du XVIIIe sur la nature est parfois qualifié de «rousseauiste». La contemplation d’un joli paysage est réputée élever l’âme et raffermir l’esprit. Le paysage ne devient un genre pictural à part entière qu’à partir du XVIIe siècle : les vues explorent un idéal romanesque où perce encore le tourment baroque. Les personnages sont souvent absents face à la nature triomphante. Elle véhicule un idéal que peintres et graphistes se plaisent à représenter, avec force ramures et fontaines.
Le trait traduit de manière magistrale une culture de l’émotion qui préfigure le mouvement romantique.

Quand au parc du domaine de Sceaux, c’est un modèle de création XVIIe siècle : s’il a souffert des revers de l’histoire moderne, il est reconstitué peu à peu grâce aux archives, depuis les années 30, et le plan actuel demeure finalement très fidèle aux dessins d’origine, signés Le Nôtre.

Petit Chateau du Domaine de Sceaux
9, rue du Docteur Berger
92330 Sceaux

Jusqu’au 15 août 2011


Perspectives imprimées à Jouy-en-Josas « Parties de Campagne » dans la toile imprimée – XVIIIe et XIXe siècle

© Musée de la Toile de Jouy/Marc Walter
Au château de l’Églantine est retracée l’épopée de la célèbre manufacture de toiles imprimées créée fin XVIIIe par Oberkampf. Le fondateur s’est inspiré des toiles de coton indiennes, importées à l’origine pour la confection de vêtements. La qualité de l’impression rivalise avec les estampes dont sont issus les motifs. Les dessins réalisés par Huet, les scènes de chasse de Vernet, les groupes inspirés de Boucher ont fait la renommée de cette maison. Ces pièces charmantes témoignent d’un esprit très français, apparu au XVIIIe siècle, mais dont le souffle a perduré au long du siècle suivant.

Ces créations sont un hymne à l’harmonie entre l’homme et la nature. Les jardins sont romantiques, ponctués
de futaies, fabriques, ponts et cascades. D’autres célèbrent les travaux des champs, les jeux de plein air ou des scènes historiques…

Musée Municipal de la Toile de Jouy

Chateau de l’Eglantine
54, rue Charles de Gaulle
78350 Jouy-en-Josas

Jusqu’au 20 novembre 2011


Perspectives scientifiques à Versailles « J’ai descendu dans mon jardin »

© Archives départementales des Yvelines
La Révolution bouleverse la conception des jardins : le tracé géométrique à la française cède la place au jardin pittoresque. Paysagiste est une profession nouvelle, qui n’apparaît qu’au XIXe siècle.
L’aménagement des espaces extérieurs incombait auparavant à l’architecte de l’édifice. L’aménagement d’un parc nécessite des connaissances scientifiques et techniques : les grands paysagistes sont voyageurs, botanistes, laborantins et cultivent le goût des arts. La mode est à l’édification de serres, à l’acclimatation de plantes exotiques, à l’organisation des perspectives et compositions savantes.

L’exposition propose de découvrir, à travers quelques figures de ce nouveau métier, des plans de jardins remarquables, pour la plupart situés dans les Yvelines, département riche en grands domaines hérités de l’Ancien Régime.

Les écoles de formation de haut niveau permettent la diffusion du savoir ; en témoignent les carrés du potager, où le visiteur peut découvrir des espèces couramment cultivées au XIXe.

Orangerie du domaine de Madame Élisabeth

26, rue Champ Lagarde
78000 Versailles

Jusqu’au 18 septembre 2011


Impressions à Yerres

© Succession Tabuchi
Yerres, ville de l’Essonne où il fait bon vivre, a réhabilité depuis peu un haut lieu du patrimoine impressionniste francilien : la Propriété Caillebotte.
Entre les expositions de la Ferme Ornée, le Casin et le merveilleux jardin, une échappée belle de proximité s’offre aux Franciliens !

Perspectives contemporaines
« Yasse Tabuchi »

Le peintre japonais a vécu en France près de 60 ans. Fruits d’un dialogue intérieur, ses oeuvres interrogent son rapport à la culture européenne.
Tenté à ses débuts par l’abstraction lyrique, il se rapproche un temps du mouvement Cobra, dont il s’émancipe pour travailler en solitaire. Tabuchi est un poète de la couleur. Surprenantes, parfois étranges, ses compositions ne peuvent laisser indifférent. Les débuts sont matière et mouvement, mais la lumière s’impose et irradie, rehaussant les formes avec éclat. L’emploi brut des jaune, vert, cobalt, et rose révèlent une harmonie qui nous est étrangère… mais qui nous parle.
Les contrastes sans nuance ne heurtent pas le regard. Quelle que soit la période, on ressent la maîtrise aiguë d’un observateur-né. Les oeuvres tiennent de l’abstrait et du figuratif en même temps. Certaines formes sont récurrentes : arbres, rochers, fleurs, nuages, mais renvoient à une idée plus qu’à un objet précis.
Liens noueux, découpages abrupts, ou entrelacs structurent les oeuvres en multipliant les perspectives. Son jardin est une source d’inspiration inépuisable : la quête d’une harmonie avec les éléments est sensible. Tabuchi esquisse à sa façon un pont entre les axes terre et ciel, Orient et Occident.

Ferme Ornée
Propriété Caillebotte

8, rue de Concy
91330 Yerres

Jusqu’au 17 juillet 2011


Perspectives impressionnistes – L’ombre des Caillebotte

© E.Thierry
Tabuchi représente une expérience artistique très étrangère au mouvement impressionniste en dépit d’une même fascination pour les éléments, la lumière et la vivacité des couleurs. L’impressionnisme fait sienne cette gaieté sensible posée comme un prisme sur la réalité pour la faire vibrer. La propriété Caillebotte est emblématique de ce mouvement. Dans ce lieu de villégiature familiale, Gustave a réalisé près de 80 oeuvres. L’ombre des Caillebotte continue de planer sur le parc : les perspectives du jardin comme les bords de l’Yerres nous sont familières grâce aux peintures qui nous sont parvenues. Objet d’un soin tout particulier, le jardin romantique séduit par sa dimension : 11 ha, ponctués de surprises : fabriques, ponts, pièces d’eau, kiosques… un vrai paradis, que l’on croirait tout droit sorti d’une toile de Jouy ! Et puis il y a la rivière où l’on peut canoter, l’été : celle-là même qui sert de cadre aux célèbres « Baigneurs ». L’atmosphère propre aux oeuvres du peintre est perceptible : ombre portée des feuillages à la surface de l’Yerres, senteurs d’un confort bourgeois filtrant à travers les persiennes de la maison principale. Une athmosphère propice à la flânerie… Le plein air est une passion impressionniste à savourer aussi au musée Jacquemart-André, à Paris, qui met à l’honneur les frères Caillebotte. Où sont confrontés les travaux de Gustave, le peintre, et de son frère, Martial, compositeur et photographe, dont les clichés complètent à merveille notre escapade «nature».

Propriété Caillebotte
8, rue de Concy
91330 Yerres