Tournages
Avec un film français sur deux tourné dans la capitale, le cinéma aime Paris, mais il n’est pas le seul. Entre les documentaires, les publicités, les séries, les courts-métrages, la capitale a accueilli l’an dernier 840 tournages, soit une augmentation de 10% par rapport à 2007 (765).
Neuf tournages sont réalisés chaque jour dans la capitale et 44 000 lieux servent de décor. Dans l’ordre de l’activité : les courts métrages, les films publicitaires, le contingent télé occupe également le devant de la scène avec 128 fictions et séries tournées l’an dernier, telles que « Alice Nevers » et l’inamovilble « Julie Lescaut », ou encore « P.J. » (France 2), « Les Bleus » (M6), « Engrenage » (Canal Plus)….. Côté cinéma, Paris a accueilli cent dix longs-métrages, avec en moyenne 10 jours de tournage par projet: « Rapt » de Lucas Belvaux, « Villa Amalia » de Benoit Jacquot, « Les Herbes folles » d’Alain Resnais, « Le code a changé » de Danièle Thomson…. Vingt réalisations étrangères dont cinq américaines ont été tournées à Paris, dont : « Cheri » de Stephan Frears, « Inglorius Bastards » de Quentin Tarantino… Une manne économique non négligeable pour la Mairie de Paris. L’an dernier, les films auraient renfloué de 650 000€ les caisses municipales, sans compter la publicité réalisée gratuitement sur la capitale.
QUAND PARIS S’OUVRE AU CINÉMA
« Cela fait fonctionner les industries techniques,
mais aussi les restaurateurs et bien sûr le secteur
du tourisme, se félicite Michel Gomez, délégué de la
mission cinéma à la Mairie de Paris. D’après une
étude IFOP, six touristes cinéphiles sur dix
choisissent leur destination de vacances en fonction
du film qu’ils ont aimé ». Ainsi, « Le fabuleux
destin d’Amélie Poulain » a été suivi à travers le
monde par vingt-huit millions de spectateurs. Le
quartier de Montmartre s’en est aussitôt ressenti,
comme « Da Vinci Code », réalisé au musée du Louvre
par Ron Howard. En 2005, ce tournage d’une quinzaine
de jours d’un montant de 25 000€ par jour…. fut l’un
des événements cinéma les plus secrets de la
capitale. Il aurait mobilisé quelque 700
intermittents pendant un week-end. « De plus en plus
de lieux jusque-là interdits pour les tournages
ouvrent leur porte, comme l’Hôtel de Ville, les
musées, les piscines et les écoles » précise Michel
Gomez. Quand on connait le montant d’une journée de
tournage, on peut comprendre…
Au hit parade des sites fétiches : La Tour Eiffel.
La star se fait payer 10 000 € par jour… Elle est
suivie par le palais du Trocadéro (5 000€), puis le
Sacré Coeur, la place de la Concorde, les Champs
Elysées, Notre-Dame … « Les quartiers populaires,
comme les X, XI, XV èmes sont aussi très demandés,
poursuit le délégué général à la Mission Cinéma,
tout comme le XIIIème avec la Grande Bibliothèque ou
encore le XIXème, pour le canal Saint-Martin. Paris
dispose d’un patrimoine riche et divers très
apprécié. ».
Grande actrice, Paris endosse tous les rôles. Dans
ses quartiers variés elle se prête aussi bien aux
intrigues sordides qu’aux actions musclées de
Mesrine.
OPÉRATION SÉDUCTION
Dans la capitale, comme en province, les élus font
donc de gros efforts pour conserver les tournages.
Non seulement un crédit d’impôt a été accordé il y a
quatre ans pour les producteurs français, mais en
décembre dernier un décret a été signé en ce sens
pour les metteurs en scène étrangers : « Nous sommes
sur un marché très concurrentiel, poursuit Michel
Gomez. Nous devons donc faciliter la tâche des
producteurs qui souhaitent venir tourner en France.
C’est trop tôt pour savoir si le bilan est positif,
car malheureusement le cinéma n’échappe pas à la
récession économique. Cela frétille doucement ».
Certains avancent que Woody Allen tournerait en 2010
une comédie dans les rues de Paris, mais pour
l’instant ce n’est pas confirmé…
Il faut dire que l’exemple de « Faubourg 36 » a
marqué les esprits. Le film de Christophe Barratier
devait être tourné dans un studio français, mais le
coût était si lourd qu’il a préféré tourner à
Prague, comme Mathieu Kassovitz pour « Babylon A.D.
». Thomas Langmann est lui parti à Alicante pour «
Astérix et les jeux olympiques ». Le crédit d’impôt
peut donc maintenant inciter les metteurs en scène à
ne pas délocaliser les tournages.
Selon Michel Gomez, tous les projets sont bons à
prendre et la Mission Cinéma ne serait pas sélective
: « Notre rôle n’est pas de jouer les censeurs. Nous
accompagnons tout le monde, aussi bien les jeunes
réalisateurs que les élèves des écoles de cinéma.
Nous vérifions que tout est conforme, mais ce n’est
pas à nous de sélectionner les tournages. Nous nous
assurons que l’ordre public et les bonnes mœurs sont
respectés, qu’un tournage n’a pas été réalisé
récemment sur le même sie, ou que le poids de la
grue soit compatible avec le terrain. Nous voulons
bien accueillir tous les tournages mais en bonne
entente avec les riverains. »
Pour cela, la ville a signé en 2006 une charte de
bonne conduite avec les professionnels du cinéma. La
ville leur promet de faciliter la vie des équipes,
mais eux doivent s’engager à prévenir les riverains
de leur venue.
L’important est bien sûr que chacun vive en
harmonie.
. A lire : « Lieux cultes du cinéma en France » de
Marc Lemonier (Horay).
. Les parcours de lieux de tournage à Paris de «
Musée haut, musée bas » « Chéri », « Ratatouille »,
sont distribués par la mairie de Paris.
MOTEUR !
Les Parisiens se posent beaucoup de questions quand
ils sont confrontés à des tournages dans leur
quartier. La Mission Cinéma a donc créé sur son site
Paris.fr tourner à Paris, un blog pour répondre à
toutes leurs interrogations. Nous en avons
sélectionnées quelques unes et livrons les réponses
pour certaines sommaires, de la Mission cinéma.
-Qui délivre les autorisations ?
-Pour les tournages nécessitant plus de dix
personnes, les sociétés de production doivent
obtenir deux autorisations, l’une de la Mairie de
Paris, l’autre de la préfecture de police. Quant au
stationnement, c’est le commissariat du quartier qui
délivre l’autorisation.
-Que gagne la Mairie de Paris sur ces tournages ?
-Tourner dans les rues de la capitale est gratuit.
En ce qui concerne les prises de vue dans un jardin,
un stade, une piscine, un musée ou un marché cela
dépend de la redevance à la Ville de Paris. Les
tarifs sont votés au Conseil de Paris.
-Les véhicules techniques paient-t-ils le
stationnement ?
-Au même titre que les particuliers, les sociétés de
production doivent s’acquitter des taxes de
stationnement.
-Pourquoi les productions ont leur propre cantine et
n’utilisent pas le restaurant ?
-Les restaurants ne peuvent accueillir cinquante
voire quatre-vingts personnes au même moment, cela
reviendrait à privatiser un restaurant ce qui n’est
pas souhaitable pour la clientèle.
-Peut-on connaitre les adresses des tournages pour
faire de la figuration ?
-Lorsqu’un tournage s’installe, l’équipe est déjà
composée. Si on est intéressé, mieux vaut le faire
en amont en consultant les revues professionnelles
ou les sites Internet spécialisés.